[ Je voudrais te dire merci ]

A mon Titou, 

Depuis que je me souvienne, j’ai toujours voulu être maman.
Quand mes amies ont commencé à être enceintes, il était certain que mon tour viendrait.
Et puis j’ai rencontré le papa de Titou.
Tout s’est très vite mis en place dans mon esprit.
Nous allions nous marier, nous aurions deux ou trois enfants, nous vieillirons ensemble.
C’était simple, logique et si évident.
Malgré quelques fausses notes à cet imaginaire, cela ne nous aura pas empêché de réaliser une des ces aspirations, une seule certes, mais la plus belle : TOI.
Un tsunami dans notre équilibre déjà fragile.
Oui, c’est surement ta naissance qui aura réveillé des blessures de mon enfance auxquelles je pensais avoir échappé.
Ton papa alors impuissant devant mes attentes et qui a toujours préféré la foule à l’intimité, n’aura pas su comprendre mon appel au secours.
Comment aurait-il pu puisque j’étais moi-même perdue. 
Lui aussi soumis à sa propre histoire, aura noué une relation particulière avec toi, me laissant peu de place.

Alors j’ai sauté dans un précipice sans parachute et j’ai eu mal, très mal.
J’ai connu le désespoir, la détresse, la peur, la solitude et tellement de noirceur encore.
Je me suis noyée dans mes larmes, dans ce vide qui m’habitait.
Parfois, j’ai cru mourir de douleurs et de chagrin.
Je me suis accrochée à toutes les bouées présentes à travers les vagues, entraînant parfois certaines dans mon naufrage.

Mais, pour toi, je me suis agrippée à ma résilience de toutes mes forces.
Tu étais la raison de me lever le matin pour affronter cette abîme en moi, tellement trop présente les semaines impaires.
Je voulais re-vivre, et surtout je me devais de trouver un sens à tout ce désordre.
Comment ma vie « parfaite » avait pu se briser autant, en seulement quelques mois !?
Comment j’avais pu me perdre à ce point ?!
Je suis allée chercher de l’aide là où elle se trouvait ; médicaments, psychologue, lectures, amies, confident… pour enfin, mettre des mots sur mes fêlures.

On m’aura guidé dans cette traversée du désert, pourtant je me suis sauvée toute seule.
C’est à moi que je dois ma survie, à moi seule, par contre, c’est grâce à toi que je me suis relevée.

Il aura fallu connaître la séparation et le chaos pour réaliser qui j’étais.

Mais en toute honnêteté, je crois que je suis née en même temps que toi.
J’ai longtemps cru que mon introspection avait commencé après la rupture mais l’élément déclencheur de cette prise de conscience a 8 ans aujourd’hui.
Si c’est ta naissance qui a dévoilé ce néant en moi, c’est elle qui m’aura permis de le remplir (un peu).
Il y a des failles qui ne se refermeront pas, des fissures qui ne se combleront jamais mais désormais je suis en mesure de les percevoir.

C’est pour tout cela qu’aujourd’hui j’ai juste envie de te dire MERCI.
Merci d’avoir allumé mon obscurité pour me permettre d’être une meilleure maman, une meilleure conjointe pour l'avenir, une personne meilleure. 
Nos petits bonheurs deviennent grands depuis que j’en connais la véritable valeur.

Je ne sais pas si papa a fait le même chemin depuis, mais rien n’arrive jamais par hasard et même si je ne peux pas m’empêcher de me sentir coupable de t’avoir prédestiné à cette vie de nomade, à devoir partager tes parents,  je tiens à être reconnaissante de ton arrivée dans ma vie et d’avoir chamboulé tout mon petit monde.
Bien sûr, que rien n’est de ta faute, ABSOLUMENT RIEN ! Tu le sais.
« Il y a des histoires sombres vécues dans l’enfance qui surgissent au milieu de nos histoires d’amour ou lorsque nous devenons parents, nous empêchant d’ajuster notre relation à l’autre, alors que nous avions le désir vivace d’être enfin heureux… ».
Je ne blâme personne, je sais que c’est ma propre sensibilité qui aura laissé des attitudes me blesser.

Désormais, il n’y a plus d’idéal dans mes espérances, j’ai laissé se transformer quelques rêves en regrets pour créer ma réalité.
Il n’y aura pas de grand mariage, ni de famille nombreuses, mais il y aura toi, pour toujours. C'est notre vie, pas parfaite, mais c’est la nôtre.

Tu liras peut-être ces quelques mots quand tu seras en âge de le comprendre … ou pas.
Ce n’est pas important car toi, tu sais déjà tout ce que tu représentes pour moi.
Et je me fiche que l'on juge notre lien trop fusionnel, sûrement que toi aussi, plus tard, tu ressentiras les effets de ton enfance sur ta vie d’adulte mais une chose est sûre ; ce jour-là, je serais là pour t’aider à découvrir qui tu es !

Je t’aime mon Titou, à l’infini et bien au-delà des nuages. Merci d'être toi ♥

© Une semaine sur deux

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