[ La survivance ]

Depuis ma séparation, je suis en survivance.
Oui, je sur-vis. 
Bien sûr que je profite pleinement des instants d’euphories et de bonheur qui me sont offerts, parfois intenses, parfois plus discrets voire silencieux. Comme je le dis souvent, ces fragments là sont savourés à leur juste valeur parce j’en connais leur authenticité. 
Puis, comme tout à chacun, je supporte des passages de doutes, de pleurs et d’introspection. 
Peut-être plus nombreux depuis mon changement de vie mais plus fugaces aussi. 

Pourtant, j'éprouve un manque, même dans mes moments de joies, pour être totalement épanouie. 
Mon fils à temps complet me direz-vous ; c’est incontestable ! 
Mais je ressens une autre absence, moins évidente.


Il y a 5 ans, ce n’est pas seulement d'un homme, d'une relation, d'une maison,  de projets, d'une vie de famille dont j’ai dû faire le deuil, mais c’est également d’une subtile INSOUCIANCE, dont il a fallu me séparer.
Une légèreté d’âme, différente de celle d’un enfant bien évidemment, mais quand même, une certaine désinvolture.



Oui, j’ai trouvé ce dont je suis privée désormais, ce petit sentiment (si important), qui me faisait ne jamais me réveiller la nuit, qui ne me provoquait pas de maux d’estomac. Grâce à lui, je n’avais pas à me concentrer sur ma respiration pour tenter d’apaiser une angoisse. 

Cette perception abstraite est souvent dissimulée derrière une sécurité affective et/ou une sécurité matérielle. Cela nous assure une confiance concrète mais discrète, qui nous procure cette imperceptible « liberté d'esprit ». 


Paradoxalement, les difficultés infligées par la vie, nous rendent plus fort(e) mais les épreuves viennent aussi révéler nos fragilités. 

On perd alors cette sensation de « sûreté » que l’on peut éprouver quand on pense que tout ira bien voire même que tout nous est dû quand on suit le chemin tracé. Même si on s'imagine savoir, on ne réalise jamais vraiment que tout peut s’arrêter du jour au lendemain, tant que cela ne nous est pas arrivé. 

On n’a jamais véritablement conscience que l’on peut tout perdre, à tout moment ! 



Je me rends vraiment compte désormais, que plus rien ne sera comme avant.
Et parfois cette vérité me fait peur. 

Même si ce chapitre inédit de ma vie me procure de nouvelles satisfactions, même si j’ai acquis plus de maturité et de confiance, j’ai la nostalgie de cette insouciance qui ne reviendra pas. 

Est-ce parce que je n’ai pas encore réellement « recomposé » ma vie ? Pas encore fait le deuil d’un idéal ou d’un passé ? Parce que je ne suis pas encore « au bon endroit » ? Parce que je vieillis ?
Possiblement, un peu tout cela à la fois ! 

Alors certes, j’ai perdu un pouvoir précieux pour devenir une « survivante » mais j’ai donc remporté la faculté de renaître. 

© Une semaine sur deux

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