On prend nos repères, chacun comme on peut, dans ce
contexte si particulier.
Bien sûr, comme tout le monde, j’attends avec
impatience le retour à la « vie normale ».
Pourtant…,
Il y a dans cette quarantaine un cadeau précieux
qui m’est offert : du temps auprès de toi.
Certes, ce ne sont pas les mêmes partages que ceux que
nous pouvons vivre pendant les vacances, certes l’enfermement est parfois long, certes,
mon travail et la « continuité pédagogique » à satisfaire, amènent
quelques tensions, certes l’actualité reste inquiétante et toutes ces contraintes viennent nous rappeler que nous ne sommes pas en repos.
Mais nous sommes ensemble.
Une semaine sur deux, 7 jours sur 7, 24 heures sur
24.
Moi qui suis privée de toi, une moitié d’année, cette
promiscuité forcée est un véritable don.
Evidemment, que j’aurais préféré que ce temps nous
soit accordé dans d’autres circonstances, que le monde ne soit pas en souffrance,
c’est indéniable, mais puisque je n’ai pas le choix sur les évènements, autant trouver
des avantages à ce que je ne peux changer.
Et bien sûr, que cela ne pourra jamais remplacer
toutes les périodes où nous sommes éloignés l'un de l'autre, mais ces instants confinés qui ne se reproduiront certainement pas (et
cela reste évidemment à souhaiter), il me faut les apprécier tant qu’ils
sont là.
Parce qu'aujourd’hui, je n’ai à te partager avec
personne ni avec quoi que ce soit.
Pas de cinéma pour me voler ton attention, pas de
restaurant pour me voler tes papilles, pas de papy mamie pour me voler tes câlins, pas d'école pour me voler ta présence, pas de copains pour me voler tes rires, seule ta switch reste parfois ma
rivale.
Non, jamais nous n’avons été aussi « intime ».
Ce que nous vivons est une expérience unique, alors je veux mesurer ma chance d’être en bonne santé et d’avoir une position qui me permette de continuer la garde alternée : pour râler devant les mathématiques et m’apercevoir à quel point cette discipline m’est antipathique, pour savourer profondément chaque petite bouffée d’air que nous respirons au moment d’aller cueillir quelques pâquerettes (dans notre lotissement), pour passer plus de temps sous la voiture à récupérer le ballon qu’à marquer des buts, pour renouveler d’imagination pour occuper nos journées et t’éloigner des écrans si tentants, en situation d’isolement.
Il y a toujours du parfait dans l’imperfection et
je suis heureuse de l’entrevoir dans ce climat pesant.
Et pour preuve, le vide amplifié que tu laisses, un
vendredi sur deux, tellement nous vivons nos semaines, l’un « sur » l’autre
intensément.
Je suis sûre que beaucoup d’entre vous ont cette
sensation de moments privilégiés avec vos proches, même si parfois la proximité constante, l’inquiétude,
le travail, les devoirs, la peur,
génèrent irritations et impatiences.
Je terminerai ce texte en ayant une (énorme) pensée
pour tous ces parents et enfants, qui sont séparés pendant toute cette longue
période, par obligation ou par choix.
J’imagine le manque, la solitude et la tristesse
qui vous animent et je vous souhaite des retrouvailles magiques pleines de
soulagement et d’amour.
C’est pourquoi jamais je ne voudrais me plaindre d’avoir
à vivre, environ 168 heures avec juste TOI, une semaine sur deux.
Prenez bien soin de vous et chérissez ceux
qui sont à vos côtés ; c’est un cadeau si précieux.
©
Une semaine sur deux
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